Les événements du Transvaal


SOMMATION AUX ANGLAIS


Les choses ne tournent pas tout à fait comme le pensait M. Chamberlain, les Anglais l'ont appris à leurs dépens à Ladysmith.
Ils avouent un véritable désastre, deux mille prisonniers sans compter les morts et les blesses ; et qui sait si leur malheur n'est pas plus grand encore qu'ils n'en conviennent ! Car en somme, et ce devrait être, l'humiliation du monde entier qui le supporte, nul ne peut avoir de nouvelles que de provenance anglaise.

Les vaincus de Ladysmith ont jeté une toile d'araignée sur l'univers; mais un des coins du réseau me paraît fort endommagé par certaine mouche transvaalienne qui ne veut point se laisser manger.

Qui sait comment tout cela tournera pour l'Angleterre ?

On a commencé par imprimer de toutes parts que la guerre serait une promenade militaire, puis que les Boers étaient, quoi qu'il arrivât, destinés à la perte finale. Et pourquoi donc cela?

Les agresseurs sont puissants, mais qui peut affirmer que leurs légions ne continueront pas à fondre en Afrique et qu'à la longue ils ne se lasseront pas? L'opinion publique, effarée par la destruction de tant de bataillons, imposera la paix au gouvernement. Les Boers ont causé de grandes surprises. On les savait tireurs-de-premier ordre, on les croyait propres à une guerre de partisans et voici qu'ils se révèlent tacticiens remarquables. Un jour ils s'emparent de tout un régiment ; quelque temps après, à Ladysmith, c'est deux mille hommes avec tout leur matériel qu'ils capturent. Le général Joubert qui les commande est un véritable homme de guerre, et les Boers sont d'admirables soldats qui défendent avec une vaillance digne de toutes les admirations et de toutes les sympathies le sol sacré, de la Patrie. Notre dessin représente les Boers sommant les défenseurs de Mafeking de livrer leur ville.

Le Petit Journal illustré du 12 Novembre 1899