Deux officiers français assassinés à Quang-Tchéou-Wan On sait qu' à suite de la guerre sino-japonaise, les puissances européennes jugèrent à propos de se faire payer par la Chine leur intervention. La Russie avait grand besoin d' un port qui ne fût pas pendant de longs mois bloqué par les glaces ; elle reçut à bail Port-Arthur. L' Angleterre, à titre de compensation et à des conditions analogues, eut le port important de Weï-Haï-Weï. L' Allemagne prit à bail le port de Kao-Tchéou et nous pûmes installer un établissement dans la baie de Quang-Théou-Wan. Mais tandis que les autres nations prenaient position nettement, solidement, nous fîmes preuve d' une telle imprécision que la traîtrise chinoise eut beau jeu. Notre établissement fut sans cesse contesté, menacé, et comme nous le supportions, l' audace des Chinois s' accrut au point qu' une triste nouvelle nous arrivais tout récemment. Deux officiers du croiseur Descartes, en garnison dans le poste de Montao, furent assez imprudents pour traverser sans escorte la rivière Ma-tshé dont l' embouchure forme la baie de Quang-Tchéou-Wan. Surpris par les Chinois, ces deux officiers MM. Joseph Koun et Jean-Guillaume Gourlaouen, furent massacrés. La mort de M. Koun est d' autant plus déplorable que ce jeune officier de vingt-deux ans, fils d' un modeste instituteur breton, était arrivé à la situation d' enseigne de vaisseau en triomphant de difficultés inouïes. Aîné de neuf enfants, une fois embarqué il envoya sur les 140 francs mensuels de sa solde, 90 francs, pour permettre à son frère le plus proche de faire ses études de médecine navale. Il faut espérer que le gouvernement remplacera largement auprès de la famille Koun ce jeune héros qui en était la Providence, et d' autre part qu' il vengera amplement sa mort et celle de son brave camarade.
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