Le drame Carencez

ENTERREMENT DES VICTIMES
On connaît le drame atroce de Corancez cinq pauvres petits enfants égorgés, leur père trouvé blessé auprès d' eux et racontant une histoire le chemineaux assassins, à la suite de quoi il est lui-même arrêté sous prévention du meurtre de ses enfants.Veuf, il aurait voulu épouser une jeune fille et celle-ci lui aurait déclaré qu 'elle ne prendrait jamais un mari qui avait tant d'enfants.Sur ce, les opinions se divisent : les uns, accusent violemment le cultivateur Brière, les autres, et parmi eux, sa fille Germaine, échappée au massacre parce qu' elle était placée à Paris, le soutiennent avec énergie. Le crime serait tellement monstrueux que nous préférons attendre que la vérité soit clairement, indubitablement fixée; nous parlerons donc simplement de l' enterrement des victimes. Il fut infiniment touchant : les cinq petits cercueils avaient été rangés dans une sorte hangar sur les rayons, se trouvaient encore des fromages au plafond des oignons qui séchaient.La bière de la plus grande des soeurs, de celle qui, si gentiment, était l' attentive et dévouée maman des autres, était seule couverte du drap mortuaire, la commune de Corancez n' en ayant qu'un. Quant au reste, on avait fait pour le mieux. Avec une délicatesse à noter, on a creusé la tombe des petite auprès de celle où dort leur mère qui les adorait. Ce sont les enfants du village qui eux-mêmes ont porté les cercueils au cimetière. Toutes les autorités du département étaient là ou se sont fait représenter enfin s' est Mgr Molllien, évêque de Chartres, en personne qui tint à présider la cérémonie religieuse. Et les plus humbles suivirent en pleurant le cortège relativement somptueux de ces innocents si horriblement massacrés. Rarement obsèques furent émouvantes à ce point.

Le Petit Journal du 12 Mai 1901