Expériences d' aérostation à travers le Sahara
LANCEMENT DES BALLONS-PILOTES
Une expédition scientifique d' une grande hardiesse et d' un intérêt
puissant se prépare en ce moment. Il s' agit de la traversée
en ballon du désert africain. Le rêve de Jules Verne, l' imaginatif
écrivain, va, peut-être, se réaliser, et nulle partie
de l' immense « Océan des sables » ne demeurera plus inconnue
à la Science. L' idée première de la traversée
du Sahara en ballon revient à un de nos officiers les plus distingués,
de grande volonté et de grande activité, le capitaine Deburaux,
commandant d' aérostiers à l' état-major particulier
du génie. Après avoir mûri son projet pendant plusieurs
années, il l' exposa à M. Castillon de Saint-Victor, qu' il
jugea, à bon droit, digne de le comprendre et de le seconder M. Deburaux
obtint l' appui du ministre de la guerre, qui mit à sa disposition
une partie du matériel nécessaire et une subvention, en même
temps qu' il faisait parvenir des ordres pour que rien ne vint entraver les
essais et les préparatifs des intrépides navigateurs de l' air
dans leur mission. Le général Allegro, gouverneur de Gabès,
a profité des sympathies profondes qu' il s' est créées
par son aménité dans la région pour obtenir l' appui
des indigènes légèrement troublés par les apprêts
de cette expédition extraordinaire pour eux. Désireux de laisser
le moins possible au hasard, MM. Deburaux et de Saint-Victor ont déjà
lancé quelques ballons-pilotes: il s' agissait pour eux de déterminer
l' orientation des vents du désert. Le point de départ a été
fixé à la source sacrée d'Aïn-Kerinck, à
deux kilomètres de Gabès; c' est là qu' ont été
amenés, de Sfax, tous les appareils nécessaires pour produire
le gaz hydrogène. Les premiers ballons-pilotes, an départ desquels
nous fait assister le dessin de notre première page, étaient
de couleur rouge. Les populations indigènes ont été prévenues
que les renseignements qu' elles pourraient fournir sur la marche des ballons-pilotes
leur seraient généreusement payés : aussi, peut-on être
assuré de leur zèle attentif. Ces très intéressants
essais de nos vaillants compatriotes méritent d' attirer l' attention
du grand public, qu' aucune question de sport ne laisse désormais indifférent.
Le Petit Journal du 25 Janvier 1903