Les grandes caravanes annuelles remontent vers le nord

Voici venue la saison où les grandes caravanes remontent vers le Nord. Nos correspondants d' Algérie viennent de nous annoncer leur départ, qui est toujours un événement, surtout quand, comme cette année, elles doivent arriver plus nombreuses et plus richement chargées encore que de coutume. Il en est ainsi, maintenant, à chaque printemps, depuis que les postes militaires français ont su maintenir la sécurité par leur activité et imposer le respect du bien d' autrui aux tribus remuantes et aux bandes de pillards si nombreuses jadis dans ces vastes régions solitaires. Les habitants des lointaines oasis ne craignent plus de s' aventurer en ces voyages jadis si aventureux, si pleins d' embûches et de périls, avec leurs précieux ballots, leurs femmes, leurs enfants, leurs pittoresques montures et leurs troupeaux. Depuis quelques années, les trafiquants indigènes venus au Gourara et au Touat s' en tournent enchantés de la sécurité qu' ils ont trouvée partout : la facilité et la bienveillance qu' ils ont rencontrées en territoire français les ont rendus très confiants et ils ne cachent pas la reconnaissance qu' ils en éprouvent. On espère, dans les oasis, que les transactions se feront de plus en plus nombreuses et que les bénéfices réalisés engageront les revenir l' an prochain faire leurs échanges et leurs achats. L' organisation définitive des territoires du Sud est attendue dans les oasis avec impatience : nos officiers y mettent tous leurs soins. Espérons, pour nos commerçants et pour nos protégés arabes, qu' elle ne se fera pas trop attendre.

Le Petit Journal du 8 Mars 1903