Les chauffeurs du Pays d' Alost

Des scènes d' une sauvagerie révoltante et digne des temps anciens se passent en ce moment dans un pays des plus civilisés du monde, je veux dire en belgique. Des malfaiteurs organisés en bande de six ou sept individus pénètrent masqué ou le visage barbouillé de suie dans les habitations, dans les fermes isolées de préférence, et obligent les habitants à leur révéler où ils cachent leur argent; ils usent, pour faire parler leurs victimes, des abominables procédés des chauffeurs d' autrefois, avec ce progrès qu' utilisant les découvertes modernes, il se servent non plus de charbons ardents, mais bien de pétrole. Les malheureux fermiers, leurs femmes, leurs enfants, qui refusent d' indiquer l' endroit où est caché le magot, sont solidement ligotés sur leur lits, sur une chaise ou attachés à un meuble, à une poutre; puis, ils sont arrosés de pétrole et enflammés. La terreur ou la souffrance, l' effroi de voir griller les êtres les lus chers, délient naturellement la langue aux plus énergiques. Le pays d' Alost tout entier est terrorisé, et les ravages des bandits commencent à s' étendre aux régions voisines. Notre premières page représente, d' après des données certaines, l' envahissement, par ces bandits, de la ferme Van Den Neucker, à Santhergen. Le fait se passait à la fin de la semaine dernière. Il est à peine croyable que de telles horreurs se commettent, à l' heure actuelle, sans qu' on ait pu, jusqu' ici, arriver à la réprimer.

Le Petit Journal du 15 Mars 1903