Cirque emporté par une rafale

 

La terrible tempête qui, ces temps derniers, a si cruellement désolé nos côtes, n' a pas borné ses ravages à la mer. Elle a pénétré violemment jusque dans l' intérieur des terres, et les d"désastres ont été nombreux. L' un des plus extraordinaires accidents s' est produits à Saint-Etienne, et c' est un miracle qu 'il n' ait entraîné ni mort d' homme, ni même de blessures graves. Un cirque forain était installé place Saint-François. La représentation commençait, les artistes entraient sur la piste, le public, heureux à la perspective d' une bonne soirée, était nombreux dans les tribunes circulaires, quand, tout à coup un coup de vent terrible s' abattit sur la frêle installation provisoire. Les toiles furent arrachées emportées, et, avec elles, naturellement, les supports, les appareils d' éclairage, les instruments de musique, les accessoires de gymnastiques et autres, tandis que les chevaux et les animaux savants affolés rompaient leurs liens et s' échappaient dans la ville. Pendant quelque minutes, ce fut dans la nuit, par la ville, une pluie de débris de toutes sortes qui, heureusement, comme je l' ai dit, n' atteignirent grièvement personne. On en fut quitte pour la peur ; mais qu' elle peur ! Les spectateurs, comme bien l' on pense, s' empressèrent d' aller se mettre en sûreté chez eux. Quant au directeur du cirque, aux écuyers et aux employés, ils passèrent tristement la nuit à rechercher leurs animaux et à recueillir, souvent à très grandes distances, - jusqu' à la place Fourneyrou , notamment,- les restes de ce qui avait été leur cirque. Les pauvres gens se souviendront de cette nuit !

Le Petit Journal du 12 Avril 1903