Voyage du président de la république en Algérie

 

Fantasia de cavaliers indigènes

Durant le voyage accompli par le Président de la République dans notre belle colonie d' Algérie, les indigènes ont tenu à affirmer chaleureusement leur loyalisme à l' égard de la France. Ce ne furent partout que réceptions enthousiastes et témoignage d' affection réciproque et inébranlable.Une des plus brillantes manifestations fut, sans contredit, cette admirable, cette inoubliable fantasia du Kreider que l' envoyé spécial du Petit Journal nous racontait mercredi dernier d' une façon si pittoresque, si émouvante. Ce fut l' hommage des chefs, des caïds en burnous éclatants. Les vieux étendards aux soies éclatantes, aux ors étincelants, flottaient au vent et, sur des chevaux ardents de toute beauté passèrent graves, superbes, pleins d' orgueil, ces fils du désert. La fantasia fut un éblouissement. Au grand galop, au milieu des cris, des détonations des fusils, la trombe vivante s' élança. Des milliers de cavaliers se précipitaient, lançant en l' air leurs armes, les rattrapant sans modérer l' allure, penchés sur l' encolure ou tout droits sur les étriers, parfois et toujours en ardente vitesse se baissant jusqu' à terre, sans cesse dans le nuage de poudre et de poussière, faisant corps avec leur monture. Il faut avoir vu cela pour garder l' impression de la beauté énergique et virile, pour emporter aussi la conviction réconfortante du précieux concours que peuvent apporter à la Patrie, si elle était menacée, d' aussi beaux cavaliers, d' aussi braves guerriers.

Le Petit Journal du 3 Mai 1903