La visite à l' hôpital

Nouvelle tenue des infirmières

En sortant d' une visite à l' un de nos grands hôpitaux des environs de Paris, la charmante princesse française, qui préside avec tant de grâce et d' amabilité aux destinées du royaume de Portugal, eut un mot charmant : " il n' y a que dans notre beau pays de France que l' on trouve autant d' abnégation et de dévouement dans toutes les classes de la société. Ces vaillantes femmes qui soignent les pauvres malades sont vraiment admirables. " Et la reine Amélie a raison. Elles sont admirables ces femmes de France qui passent leur vie au chevet des malades et des mourants, qu' elles portent l' élégant petit bonnet à cocarde bleu et rouge de l' assistance publique ou la blanche cornette des filles de la charité ! Il n' est qu' un cri à cet égard, et la juste compréhension que notre race a de leur rôle et de leur valeur, de leur dévouement et de leur tact, doit être pour ces vaillantes servantes du peuple, la juste récompense de leurs modestes et obscurs efforts. Tous ceux dont les parents ont été arrachés par la maladie au domicile familial et qui ont été les voir à l' hôpital ont eu, ces jours derniers, une petite surprise : M. Mesureur, le nouveau directeur de l' Assistance publique, a légèrement modifié le costume des infirmières. Il faut bien changer quelque chose de temps à autre ! Quelques infirmières avaient pris, paraît-il, l' habitude de ne pas assez respecter leur bonnet d' uniforme. Suivant une bien naturelle coquetterie, elles le modifiaient. Celles qui avaient de beaux cheveux finissaient par réduire le bonnet, à ce point qu' elles n' en avaient presque plus du tout. L' Administration s' en émut. C' était très grave, en effet ; et cela ne pouvait durer. M. Mesureur impose le bonnet réglementaire, uniforme, noir pour les surveillantes, blanc pour les filles de salle, mais il l' orne d' une petite cocarde. Cette cocarde est bleu et rouge, comme il convient, puisque l' Assistance publique dépend de la ville de Paris, avec au centre, un bouton plat ; au bas un ruban de moire aux mêmes couleurs. L' effet en est assez gracieux : il a plu, paraît-il, aux malades et à leurs visiteurs.

Le Petit Journal du 24 Mai 1903