Catastrophe du " Liban "

La mort d' un scaphandrier

L' épouvantable catastrophe du Liban, où tant de malheureux passagers ont trouvé la mort, n' avait pas encore fait assez de victimes. Un des plus vaillants sauveteurs, qui s' était dévoué à la recherche des cadavres, vient de trouver la mort dans des conditions particulièrement tragique. On télégraphie de Marseille au Petit Journal que le scaphandrier volontaire Antesevitch, qui venait d' opérer une sixième plongée de vingt-cinq minutes pour explorer les abords du Liban, s' est affaissé tout à coup dans le petit vapeur Noémi , a poussé quelque râles, et est mort. On avait reproché aux armateurs de ne pas faire opérer les recherches avec assez de rapidité. Ceux-ci répondaient qu à la profondeur où était le navire, les descentes étaient très dangereuses. On opposa alors à ceux qu' on appelait les scaphandriers " officiels " les scaphandriers" volontaires" , qui n' hésitèrent pas a descendre par tous les temps et à explorer, aussi loin que possible, les alentours de la catastrophe. Les autres, alors, se piquèrent d' amour-propre ; ils ne voulurent pas être en reste de témérité, et c' est ainsi qu 'on en vint à oublier les précautions si indispensables dans ce redoutable métier. Un déplorable malheur s' ensuivit, et le nom d' un brave homme, père d' une nombreuse famille, est venu s' ajouter à la liste déjà si longue des victimes de la mer.

Le Petit Journal du 05 Juillet 1903