Pendant les vacances scolaires

 

Caravane d' instituteurs français en Algérie

Le ministère de l' instruction publique nous offre une occasion de le louer sans réserves. Il a organisé en Algérie et en Tunisie, pour les instituteurs de France, des voyages d' une haute et féconde utilité. C' est, pour ces vaillants guides des générations nouvelles, un repos, une distraction et, en même temps, une étude sur place des plus instructives et des plus intéressantes. Le repos, la distraction, ils les ont admirablement gagnés, ces dévoués dont toute l' année, modestement, péniblement, se passe à l' instruire les enfants, à leur inculquer, souvent presque malgré eux, les principes du devoir, de la science, de l' amour de la Patrie. Par la suite, l' étude qu' ils font de ce riche prolongement de la France d' outre-mer sera très profitable à leurs élèves comme à eux. Ils voient de près notre admirable colonie d' Algérie, ils en comprennent la beauté, la richesse ; ils apprécient l' union de jour en jour plus intime qui nous attache à nos compatriotes africains. S' il subsiste encore quelques malentendus, ils apprendront le moyen de les faire disparaître. Ils aideront à combattre la propagande que certains, intéressés à détruire notre influence, font effrontément dans Alger même. De retour en France, ils auront été les témoins, ils leur feront voir que les Algériens sont nos frères dévoués - ils l' ont bien prouvé - et nos enfants les aimeront tout comme s' ils vivaient parmi nous, au lieu d' être séparés de la France par la mer. Ils leur diront aussi que la terre africaine est riche, qu' elle s' offre, généreuse, aux efforts de ceux qui comprennent enfin la colonisation, la force, la source de puissance des Anglais. Ce que la France ne leur fournit point assez abondamment, ils le trouveront en Algérie, s' ils ont le courage, assez facile en somme, de s' expatrier pour développer leur fortune et, indirectement, celle de la mère Patrie. Les instituteurs en voyage ont été reçus, en Algérie, avec affection et déférence. On sait que les musulmans ont un tel respect pour la science qu' ils retirent leurs sandales pour entrer dans une bibliothèque comme dans une mosquée. Ils ont donc choyé nos chers instituteurs comme Français ; ils les ont honorés comme savants.

Le Petit Journal du 6 Septembre 1903