Mission du général Pendezec en Russie

 

Accueil triomphal à Varsovie

On sait que le général Pendezec, chef d' état-major général de l' armée française, à été récemment chargé d' une mission spéciale en Russie, au cours des grandes manoeuvres. Nul choix ne pouvait être meilleur que celui de ce chef, qui unit aux qualités d' un loyal et très brillant soldat, rompu à son métier, au courant de toutes les questions militaires, celles d' un diplomate aimable, fin et avisé. L' empereur, à qui le général Pendezec remit une lettre autographe de M. Loubet, lui fit le plus affectueux accueil et l' invita à assister à ses côtés à d' importantes manoeuvres des garnisons de Saint-Pétersbourg et de Vilna. Par une faveur spéciale il fut également reçu par l' impératrice douairière et l' impératrice régnante. Mais le peuple russe avait à coeur de témoigner au représentant de la France sa chaleureuse sympathie. Un jour qu' il avait été invité dans un restaurant de Tsarskoïé-Selo par des généraux russes, la foule, ayant appris sa présence, l' acclama avec enthousiasme et réclama la Marseillaise. Très ému, le général Pendezec pria qu' on jouât l' Hymne russe et ce furent alors des cris chaleureux de " Vive la France ! Vive le général !" dont l'écho passant par delà les frontières peut avertir ceux qui feignent encore de mettre en doute la fidélité et la sincérité de nos amis et alliés. Sa mission terminée, le général Pendezec regagnait la France ; mais une dernière ovation, aussi imprévue que spontanée, lui était réservée encore. Prévenu de son passage à Varsovie, l' état-major tout entier l' attendait dans la gare. Presque de force, on fit descendre le général et ses officiers d' ordonnance de leur wagon-salon. Un dîner leur fut offert par le général commandant le corps d' armée et par le gouverneur de Pologne ; toutes les autorités civiles et militaires, ainsi que le conseil général de France, y étaient conviés. Des toasts vibrants furent échangés, et une fois de plus fut scellée la noble alliance qui unit la France et la Russie pour la paix du monde et pour le plus grand bien de l' Humanité.

Le Petit Journal du 13 Septembre 1903