La bataille de Valmy ( 20 septembre 1792 )

 

Tableau d' Horace Vernet

Le 20 septembre 1792 (dont on célèbre cette semaine l' anniversaire), est une des dates les plus importantes et les plus glorieuses de l' histoire de France. Ce jour-là, l' armée de la jeune République française reçut le baptême du feu. Sur les hauteur de Valmy, elle tint tête, avec une admirable opiniâtreté, aux troupes les plus redoutables de l' Europe. Elle arrêta la marche des Alliés et sauva notre pays de l' invasion. Une des particularités curieuses de la bataille de Valmy : parmi les jeunes officiers qui entouraient le général républicain Kellermann se trouvaient deux princes du sang royal, le duc de Chartres qui fut roi sous le nom de Louis-Philippe et le duc de Montpensier. Ils firent bravement leur devoir, prouvant avant tout qu' ils étaient Français. Les émigrés en conçurent une grande indignation et beaucoup d' étonnement. Louis-Philippe leur réservait dans l' avenir des surprises plus importantes encore. Un des peintres les plus illustres et les plus féconds du dix-neuvième siècle, Horace Vernet, a fixé le souvenir de ce mémorable événement sur une toile célèbre, qui figure au musée de Versailles. C' est cette toile que nous reproduisons aujourd'hui avec une précision et un fini de détails étonnants. A l' anniversaire de la bataille de Valmy, nos lecteurs nous sauront gré de leur donner une reproduction de cette grande page historique. C' est là, au pied du moulin désormais fameux, que les deux chefs des armées françaises, Dumouriez et Kellermann, unirent fraternellement leurs efforts pour repousser l' envahisseur ; c' est sur les flancs de cette butte de Valmy que les masses sombres de l' infanterie prussienne, que l' on proclamait invincible, s' arrêtèrent, indécises, flottantes, devant la ferme contenance de nos jeunes bataillons. C' est là, enfin, que pour la première fois sur un champ de bataille retentit, poussée par trente mille poitrines, cette clameur de victoire que les armées de la République devaient porter à travers l' Europe : " Vive la Nation ! " L' ardent patriotisme de nos soldats leur avait donné la victoire. Et ainsi s' était justifiée la parole de Kellermann : " L' ennemi le plus aguerri ne doit pas l' emporter sur ceux qui se consacrent à la défense de la Liberté. " Puissent les belles troupes de France remporter de pareils succès dans les luttes futures que nous ménage l' avenir !

Le Petit Journal du 20 septembre 1903