Dans les Balkans

 

Macédoniens se défendant à coups de bombes contre des soldats Turcs

Depuis plusieurs mois, la situation politique de la Macédoine est profondément troublée: et la paix européenne aurait pu s' en ressentir, sans l' extrême besoin de tranquillité qu' éprouvent les nations intéressées. Ces nations sont, principalement, la Russie et l' Autriche et, accessoirement, la France, l' Angleterre, l' Allemagne et l' Italie. Les chrétiens de Macédoine ne, sujets turcs, se plaignent d' être cruellement opprimés par les musulmans. Ainsi que le Petit Journal l' a déjà dit, l' Europe demanda au sultan de Constantinople des réformes urgentes qu' il consentit, mais qu' il n' opéra qu' avec une lenteur excessive : encore fallut-il, à différentes reprises, lui rappeler ses promesses. Pendant ce temps, l' émeute s' organisait en Macédoine et de nombreuses bandes bulgares, commandées par des officiers bulgares, passant la frontière, venant au secours des frères opprimés. A son tour, la Turquie présenta des observations. Il était, selon elle, inadmissible qu' un État vassal, comme la Bulgarie, s' associât aux révoltés contre son autorité. Le gouvernement du prince Ferdinand déclina alors toute responsabilité, allégeant que les bandes qui rejoignaient les révoltés macédoniens agissaient contre son aveu. Personne ne fut dupe de cette allégation diplomatique. Cependant, les atrocités continuaient dans les régions soulevées, assassinats de paisibles citoyens, de leurs femmes et de leurs enfants, pillages des maisons, incendies des villes et des villages, explosions de bombes de dynamite, chacun des partis rejetant sur l' autre les crimes commis, sans qu' il soit possible de discerner exactement la vérité. Ce qui est certain, c' est que le sultan de Constantinople, encouragé par la mauvaise foi habituelle de la diplomatie de Guillaume II, son grand conseiller et son pourvoyeur d' armes et de munitions de guerre, et aussi par l' inaction égoïste de l' Europe, est à la veille des résolutions énergiques.

Le Petit Journal du 27 Septembre 1903