Déserteurs allemands à la frontière française

 

Les Journaux allemands eux-mêmes sont pleins du récit des brutalités sont les soldats de S. M. Guillaume II sont victimes de la part de leurs sous-officiers et aussi, parfois, de leurs officiers, véritables bourreaux. Les gradés allemands usent vis-à-vis des recrues de raffinements de barbarie dont on a peine à se faire une idée; il en résulte entre eux et leurs subordonnés une haine effroyable. Mais le soldat allemand, d' un caractère apathique et maté par une discipline de fer ne se révolte pas ; il se venge rarement, mais il déserte en masse. C' est pourquoi il ne s' écoule pas de semaine sans que quelques-uns de ces malheureux passent notre frontière, abandonnant, à bout de patience, leur patrie, leurs parents, leurs souvenirs. Chaque semaine, nos villes de l' Est assistent à l' arrivée de déserteurs allemands désireux d' échapper à la brutalité de leurs chefs. Suivant le règlement, les hommes sont désarmés et leur équipement, ainsi que leurs chevaux, sont renvoyés à l' autorité militaire allemande. Après quoi, quand ils le désirent, on les admet dans la légion étrangère où, bien traités par nos gradés, ils font d' excellents soldats, dévoués à la nouvelle Patrie qui les traite avec ménagements et égards. Leurs hauts faits aux colonies sont innombrables et ont été cités cent fois ici même.

Le Petit Journal du 04 Octobre 1903