Dans quelques jours, le roi d' Italie, Victor-Emmanuel III, accompagné de sa très charmante compagne, la reine Hélène , viendra visiter la capitale de la France qui s' apprête à faire aux deux jeunes souverains l' accueil le plus respectueux et le plus empressé. Les Français n' ont pas oublié le sang versé ensemble, soit en Crimée, soit en Italie, par les Italiens et les Français, et en souvenir de cette fraternité d' armes, aucune rancune pour des faits plus récents, bien blessants, bien cruels pour nous, ne prévaudra. Le roi amène avec lui plusieurs représentant de son armée. La nouvelle armée italienne est brave, solide, bien disciplinée ; la cavalerie, notamment, est remarquable. La reine Hélène, fille du prince Nicolas de Monténégro, ne connaît vraiment qu' une langue qu' elle considère comme sa langue maternelle : - et c' est la langue française. C' est celle qu' elle a bégayée dès le berceau, à la cour de Cettigné : Elle a fait toutes ses études dans nos livres français. Si bien que, reine de l' Italie, c' est à peine si, depuis seulement quelques années, elle parle l' italien ; avec modestie, elle redoute de ne pas assez connaître les finesses de cette langue, comme elle possède celles de la nôtre. C' est donc une reine très française, de famille, de soeur, d' esprit et de verbe, que la France va fêter.

Le Petit Journal du 11 Octobre 1903