Décoration de l' avenue de l' Opéra

 

en l' honneur des souverains Italiens

La capitale de la France s' est faite très belle pour recevoir, d' une façon digne d' elle et de sa grande réputation d' amabilité et de large hospitalité, ses hôtes royaux. De toutes parts, on a rivalisé de zèle et de bon goût pour orner de guirlandes fleuries les superbes voies que doivent parcourir le roi et la reine d' Italie. Les grands boulevards, pour avoir commencé tardivement leurs préparatifs, n' en sont pas moins resplendissants ; de même la rue de la Paix et l' avenue de l' Opéra. L' avenue de l' Opéra est particulièrement admirée, et, de fait, elle est superbe ; sa décoration est due aux soins d' un comité de négociants présidé par M. Sineux. Elle est, sur ses côtés, ornée de quatre-vingts mâts de seize mètres de haut, peints de couleur grenat et bagués d' or. Ces mâts, distants de dix mètres l' un de l' autre, sont reliés par de lourdes guirlandes de fleurs lumineuses, représentant des roses rouges et jaunes, guirlandes qui sont placées le long des trottoirs et transversalement. Entre chacun de ces mâts, on en a planté de plus petits, hauts seulement de dix mètres, qui servent de supports à des corbeilles de roses lumineuses. Les deux extrémités de l' avenue de l' Opéra sont décorées de portiques très gracieux, au centre desquels paraissent, en ampoules électriques multicolores, les armes de la maison de Savoie. Deux colonnes, exactes reproductions de celles qui s' élèvent sur la place Saint-Marc, à Venise, supportent l' une le Lion de Saint-Marc, l' autre la Louvre romaine. La place du théâtre-Français a reçu une décoration spéciale non moins belle. Les dix arbres qui sont sur cette place sont surchargés de fleurs électriques, et la transformation des deux bassins en fontaines lumineuses achève de donner à ce point central de Paris l' aspect féerique qu' a cherché obtenir le comité. Il y a tout lieu d' espérer que les souverains d' Italie, nos hôtes, emporteront un bon souvenir de la cordialité et de l' ingéniosité du peuple français, qui a eu l' honneur de les accueillir dans la capitale.

Le Petit Journal du 18 Octobre 1903