Embarquement de forçats

Le lugubre voyage des forçats s' accomplit en ce moment ; les criminels sont en route pour la Guyane. Comme toujours, le départ a été signalé par des incidents tumultueux provoqués par les amis des sinistres voyageurs qui, généralement, ne valent pas beaucoup mieux qu' eux. Quand passe, avant de monter à bord du paquebot qui doit les emmener au lieu d' expiation, la colonne des condamné, ce sont, venant de la foule, des cris, des hurlements de toutes sortes, des adieux cyniques. En même temps, on s' efforce de passer à travers le cordon de gardiens et de soldats pour donner aux forçats du tabac, du vin, ce qui est formellement interdit par les règlements. Il faut, parfois, de véritables luttes pour terminer l' embarquement. Mais, enfin, les condamnés sont à bord, enfermés dans leur logement grillé ; le lourd transport lève l' ancre, quitte la rade et fait route vers la terre d' expiation.

Le Petit Journal du 03 Janvier 1904