Les événements d' Extrême Orient
Cavalerie Russe se rendant en Mandchourie
Depuis plusieurs mois, c' est un exode continu de troupes russes qui, des provinces orientales de la Russie, gagnent la Sibérie et la Mandchourie. On ne peut connaître le chiffre exact de ces effectifs, car le Grand Etat-Major russe se montre sur ce point de la plus farouche discrétion. Mais on évalue, qu' à l' heure présente, il y a en Mandchourie près de 200,000 soldats russes... Et la concentration des troupes russes continue toujours. Le point de cette concentration est Kharbin, où se joignent les deux tronçons du Transsibérien qui vont : l' un, vers Port-Arthur ; l' autre, vers Vladivostock. De là, les russes peuvent amener rapidement toutes les forces nécessaires pour la défense de leurs deux grands ports du golfe de Petchili et de la mer du Japon. C' est un voyage curieux et pittoresque que celui qu' accomplissent les soldats qui sont envoyés de Russie en Mandchourie. Le chemin de fer Kazan, de Saratov, de Pern ou d' Orenbourg à Irkoutsk d' abord, puis au bord du lac Baïkal qu' il traversent sur des radeaux ou, si le lac est gelé par le froid, sur des traîneaux. Sur l' autre rive, ils reprennent la voie de fer, un instant interrompue et parviennent ainsi à Kharbin. Outre ces troupes fournies par la grande circonscription militaire de Kazan, il faut compter les garnisons sibériennes qui dépendent des deux circonscription d' Omsk et de l' Amour : soit le 1er corps sibérien à Nikolsk Oussouriski, sur le fleuve Oussouri ; le 2e , à Khabarovsk ; la brigade cosaque de L' Oussouri, les régiments de Nertchivsk d' Argoun et d' Amour ; les brigades d' Omsk et d' Irkoutsk. En réunissant toutes ces forces à celles déjà concentrées à proximité de Port-Arthur ou de Vladivostock, une armée de 4 à 500,000 hommes. La Mandchourie est bien gardée.
Le Petit Journal du 31 Janvier 1904