Les événements d' Extrême-Orient

Exécution d' espions japonais par les soldats russes

La ruse ne réussit pas toujours aux fils du Nippon. On se souvient qu' avant la première attaque de Port-Arthur, un officier général de la marine japonaise, déguisé en cuisinier et monté sur un bâtiment marchand, put tout à loisir inspecter la rade et relever les emplacements occupés par les navires de l' escadre russe. Ses indications furent d' un puissant secours aux torpilleurs japonais lors de la surprise nocturne contre le Tsesarevitch, le Retvizan et le Pattada. Sur terre, les espions japonais furent moins heureux. Trois officiers du génie de l' armée nippone, le colonel Assai et deux lieutenants, déguisés en coolies, suivaient, sur la rivière Sungari, les détails de la concentration des troupes russes dans cette région. Ils eurent l' imprudence de vouloir passer de l' espionnage à l' action et, avec une hardiesse qu' on ne peut s' empêcher d' admirer, ils entreprirent de faire sauter un pont du chemin de fer du Transsibérien, dans le but de rendre la concentration plus lente et plus difficile. Des soldats russes survinrent pendant l' opération : ils s' emparèrent des trois coolies suspects et les conduisirent devant leurs chefs. Habilement interrogés, fouillés et trouvés porteurs de cartes, de rapports et de papiers compromettants, les officiers du mikado ne purent nier. Un conseil de guerre réuni d' urgence les jugea ; et, la loi militaire contre l' espionnage étant inexorable, ils furent incontinent condamnés à mort et pendus haut et court au pont qu' ils avaient essayé de détruire.

Le Petit Journal du 13 Mars 1904