En batterie

La défense de Port-Arthur

A trois reprises déjà, les efforts de la flotte japonaise sont venus se briser devant les défenses de Port-Arthur Depuis 1894, époque où, lors de la guerre sino-japonaise, les soldats du Mikado étaient entrés dans cette place presque sans coup férir, les conditions de défense de Port-Arthur ont été singulièrement modifiées. Les Japonais ont pu s' en rendre compte à la façon dont leur attaques ont été accueillies. Non seulement ils ne peuvent essayer de pénétrer dans la rade sans se heurter à un terrible cordon de torpilles sous-marines, mais encore leurs vaisseaux ont à subir, dés qu' ils se présentent à portée de la côte, le feu des batteries installées sur les hauteurs, dans les forts, en avant de la ville. Les russes y disposent d' une puissante artillerie, abritée derrière des ouvrages solidement bétonnés. Il y a là de formidables canons - comme celui dont notre gravure reproduit la manoeuvre - dont le poids est de 28,700 kilos, et qui lancent des projectiles de 255 kilos, lesquels, à bout portant, percent une cuirasse de 41 centimètres. Avec de tels engins, manoeuvrés par des artilleurs courageux et exercés, Port-Arthur, dont la position naturelle est si favorable à la défense, peut résister à toutes les attaques du côté de la mer. " Un canon à terre vaut un vaisseau à la mer ", a dit jadis Napoléon. Opinion qui s' est justifiée trois fois déjà devant Port-Arthur aux dépens de la flotte japonaise.

Le Petit Journal du 27 Mars 1904