La France et l' Italie

Arrivée du Président de la République à Rome

Le liens de fraternité qui unissaient naguère la France et l' Italie et que la volonté d' un ministre gallophobe avait un instant dénoués, se sont resserrés. La façon dont Paris accueillit récemment le roi Victior-Emmanuel et la reine Hélène a touché l' Italie, et elle en témoigne aujourd'hui à la France sa gratitude en acclamant le Président de la République française. Il n' est pas d'union plus logique et plus légitime que celle de la France et de l' Italie : ces deux nations ont, en effet, les mêmes aspirations, les mêmes affinités, les mêmes tendances ; elles ont échangé de tous temps les bienfaits de leur civilisation. L' Italie antique, l' Italie de la Renaissance ont guidé la France dans la route de l' Art ; la France, par contre, a donné à l' Italie la Liberté et l' unité. Les influences d' une politique néfaste avaient réussi un instant à détourner de nous les sympathies italiennes. Mais depuis que l' ère des relations cordiales s' est ouverte entre les deux pays latins, l' Italie a pu comparer les bénéfices qu' elle avait reçus de l' alliance allemande avec les profits qu' elle retire de l' entente française. Alors que la première n' a eu d' autre résultat que de l' entraîner dans des armements formidables et déterminer chez elle une crise agricole et financière des plus graves, la seconde a eu pour effet de lui rendre au point de vue économique le calme et la sécurité. C' est en face de ce " bilan " que l' Italie a compris que l' amitié de la France était une condition indispensable à son développement commercial et à sa prospérité.

Le Petit Journal illustré du 1er Mai 1904