L' accident de Roissy-en-Brie

Automobile broyée par un train

Un terrible accident, dû à la négligence d' un garde-barrière, vient d' ajouter les noms de six victimes au martyrologe déjà si long de l' automobilisme. Au passage à niveau des Friches, sur le territoire de Roissy-en-Brie, près de la station d' Ozouer-la-Ferrière, une automobile engagée sur la voie ferrée, dont la barrière n' avait pas été fermée, a été tamponnée et mise en miettes par le train rapide de Paris-Bâle. L' accident tient à ce fait qu' à cet endroit la voie du chemin de fer, qui fait un angle aigu avec la route, est masquée par quelques maisons particulières et par la maison du garde-barrière. Lorsque le conducteur de l' automobile a pu apercevoir le train, il était à 5 mètres à peine de la barrière et la locomotive n' était pas de 20 mètres du passage. La collision était inévitable. Elle fut terrible. La machine du train, dont le poids est considérable, emporta l' obstacle comme un fétu de paille, le disloquant et l' écrasant sous le choc. Les voyageurs furent tués sur le coup. On releva une des victimes à 40 mètres du passage à niveau, une autre à 70 mètres. Deux de ces malheureux restèrent collés sur le tablier de la locomotive. L' automobile, qui appartenait à M. Prétavoine , était conduite par son chauffeur, M. Brunet, et montée par cinq personnes de ses amis : M. Dietsh, M. Eckman et son jeune fils Pierre ; Mme Lamy et Demussy. L' enquête fait retomber toute la responsabilité de l' accident sur le garde-barrière, qui, occupé à parler politique ( C' était le jour des élections municipales ) avec un chef d' équipe, négligea de fermer les barrières avant le passage du rapide.

Le Petit Journal illustré du 15 Mai 1904