Les Hôtes de la France

Sidi-Mohammed, bey de Tunis

Depuis qu' il a reçu l' investiture et que, sous le protectorat français, il préside aux destinées de la Tunisie, c'est la première fois que Sidi-Mohammed, bey, fait à Paris une visite officielle.

Sidi-Mohammed occupe le trône beylical depuis deux ans. Au mois de Juin 1902, il succéda à son père, Ali-Pacha, dont il continue en Tunisie l' oeuvre de fidélité et de confiance vis-à-vis de la France. Sous le règne de son père, Sidi-Mohammed avait vu grandir et se développer l' heureuse influence du protectorat sur les destinées de la Régence. Parvenu à son tour sur le trône , il s' est attaché à nous montrer qu' il connaissait la mesure des services rendus par la France à son pays. Il n' a pas oublié quel était l' état de la Tunisie il y a vingt-trois ans, à l' époque où fut établi le protectorat ; et il nous sait gré de l' oeuvre accomplie, de la régularité rétablie dans les pouvoirs publics, de l' ordre matériel assuré, de la richesse restaurée, de la sécurité reconquise. En moins d' un quart de siècle, la France a fait de la Tunisie un pays florissant et prospère. Sidi-Mohammed le sait et n' a jamais cessé d' en manifester sa reconnaissance à notre pays.

Parlant correctement notre langue, il a étudié de très près notre civilisation et, au temps où il était prince héritier, il a fait au moins une douzaine de fois le voyage de Paris. Mais c' est la première fois qu' il y vient en qualité de souverain. Ce voyage, il le décida l' an dernier, à l' époque où le président de la République se rendit à Tunis. Sidi-Mohammed se promit de lui rendre prochainement sa visite. Il se tient parole aujourd'hui, et veut que sa présence à Paris coïncide avec la fête officielle de la République. Avant de quitter Tunis, il a, par une lettre adressée aux caïds, informé ses sujets de son voyage à Paris, et la veille du départ il a, dans une réunion des ulémas et des notables de Tunis, donné les raisons de ce déplacement solennel. Il est à remarquer que la nouvelle a produit le meilleur effet sur la population musulmane, et que tous les Tunisiens considèrent cet événement comme devant resserrer encore les liens déjà si étroits qui unissent la Régence à sa puissance protectrice, la France.

Le Petit Journal illustré du 17 Juillet 1904