L'ARMÉE CHINOISE AUX FRONTIÈRES DE MANDCHOURIE

Le maréchal Ma et ses troupes

Les troupes du maréchal Ma, actuellement, réunies sur la frontière Nord du Petchili, ne sont pas sans causer quelques appréhensions à tous ceux qui redoutent de voir la Chine entrer dans le conflit russo-japonais.

Elles ont en réalité, pour mission d'empêcher l'invasion du territoire de la Chine propre par l'un ou l'autre des belligérants, et leur rôle ne doit être que celui d'une gendarmerie gardant la frontière. Mais on sait combien en Chine le pouvoir du gouvernement est précaire, et quelle faible influence il a sur l'armée, composée en, général de gens sans aveu, soldats tant qu'on les paie, bandits de grands chemins le jour où on les licencie.

Que pourrait le gouvernement de Pékin, si, entraînées par les excitations des Japonais, les troupes chinoises du général Ma se jetaient dans le conflit? Ces troupes - une vingtaine de mille hommes environ - sont à peu près les meilleures que possède la Chine, ce qui ne veut pas dire qu'elles soient très remarquables.

Elles sont cependant éduquées et armées à l'européenne. Le vice-roi du Petchili, Yuan-Chi-Kaï, qui gouverne cette province d'une façon presque indépendante, a mis tous ses soins à se constituer une armée véritable. Il a, dans ce but, acheté des armes perfectionnées aux « Barbares d'Occident » et fait exercer ses soldais suivant nos méthodes. Mais on sait quel mépris attache la Chine à tout ce qui est militaire. Et malgré les efforts du gouverneur du Petchili, le temps n'est pas encore venu où la Chine pourra constituer une force armée capable de se mesurer avec celles des puissances occidentales. Malgré les progrès effectués par les soldats du maréchal Ma, il est probable qu'ils feraient assez triste figure s'il s'agissait pour eux d'arrêter une armée russe ou une armée japonaise marchant sur Pékin.

Le Petit Journal illustré du 16 Octobre 1904