PENDANT LA BATAILLE
L'envoyé spécial du « Petit
Journal » en Mandchourie suit les péripéties du combat
Depuis tantôt dix mois qu'a éclaté le conflit russo-japonais,
les lecteurs du Petit Journal ont été tenus au courant
des opérations avec la rapidité, l'exactitude et la précision
qui furent de tous temps, on le reconnaîtra, les vertus traditionnelles
de notre grand organe populaire.
C'est que, dès la première heure, le Petit Journal s'était
préoccupé d'avoir au Japon, en Corée, en Mandchourie,
de même qu'à Saint-Pétersbourg, aux divers points de départ
comme au point d'arrivée des nouvelles de la guerre, des correspondants
actifs, ingénieux et familiarisés dès longtemps avec
les moeurs et le langage des pays où ils devaient opérer.
On sait quelles difficultés les envoyés des journaux d'Europe
et d'Amérique rencontrèrent auprès des belligérants.
De part et d'autre, on s'ingéniait trop souvent à ne pas les
renseigner, et la censure russe, aussi bien que la censure japonaise, se montrait
impitoyable pour leurs communications.
Bon nombre d'entre eux, excédés par cette situation, durent
même abandonner les opérations militaires.
Tel ne fut pas le cas de l'envoyé du Petit Journal en Mandchourie.
Préparé de longue main, à ses fonctions par un séjour
prolongé au Japon, en Corée, en Mandchourie, ayant suivi déjà
la guerre sino-japonaise en 1894 -1895, il était mieux que personne
apte à recueillir les informations les plus rapides et les plus exactes.
Avec les armées japonaises, il a pu suivre ainsi toutes les phases
de la campagne, du Yalou à Liao-Yang de Liao-Yang à Moukden.
Et les lecteurs du Petit Journal n'ont certes pas perdu le souvenir
des tableaux si pittoresques, si mouvementés, si dramatiques qu'il
leur a tracés des formidables rencontres auxquelles il a assisté.
Notre gravure de huitième page le représente, d'après
les documents mêmes qu'il nous a envoyés, assistant d'une hauteur
à l'un des combats qui se sont livrés sous les murs de Moukden.
Il va passer l'hiver au milieu des troupes japonaises, partageant la vie rude,
les souffrances des soldats.
Et les lecteurs du Petit Journal auront ainsi des informations exactes,
et rapides sur les événements tragiques qui, dès que
s'apaiseront les rigueurs de la température mandchourienne, ne peuvent
manquer de se dérouler encore en Extrême-Orient.
Le Petit Journal illustré du 8 Janvier 1905