M. PAUL DOUMER
Député de l'Aisne
Président de la Chambre des députés
Le Petit Journal a dit fort justement du nouveau
président de la Chambre des députés qu'il était
un fils de ses oeuvres dans la véritable acception du mot.
Toute la vie politique et administrative de M. Paul Doumer est, en effet,
un bel exemple de travail acharné, de méthode impeccable et
de volonté.
Né à Aurillac en 1857, il fut amené tout jeune à
Paris et mis en apprentissage dans un atelier de gravure.
M. Doumer passa d'abord plusieurs années chez un industriel parisien
en qualité de ciseleur. Ce fut une des époques les plus rudes
de sa vie, pourtant si active et si laborieuse, car il travaillait le jour
pour vivre, et, la nuit, il étudiait pour s'instruire et conquérir
les diplômes qui devaient lui ouvrir la carrière de l'enseignement.
Instituteur à Marvejols, il s'y maria à vingt et un ans, mariage
heureux et fécond entre tous, car M. et Mme Doumer, qui ont huit enfants,
cinq garçons et trois filles, ont célébré, il
y a un peu moins de deux ans, leurs noces d'argent.
C'est en 1888 que le nouveau président fit sa première entrée
au Parlement, comme député de l'Aisne. Non réélu
en 1889, M. P. Doumer devint chef de cabinet de M. Ch. Floquet, alors président
de la Chambre. Puis il rentra au Parlement en 1891, tint le portefeuille des
Finances de 1895 à 1896, et fut nommé gouverneur de l'Inde-Chine
à la fin de cette dernière année.
Travailleur infatigable, exigeant beaucoup de ses collaborateurs, en raison
même de la formidable besogne à laquelle lui-même s'astreignait,
il accomplit là-bas une oeuvre considérable et transforma radicalement
la colonie durant les cinq années de son gouvernement. On sait que
de ses voyages à travers l'Indo-Chine, le Cambodge, et jusqu'au Siam,
il a rapporté les éléments d'un superbe ouvrage paru
récemment : l'Indo-Chine française. Ce livre, écrit
pour la jeunesse, sera pour elle une école de virilité.
Rentré en France en 1902, M. Paul Doumer fut élu député
de l'Aisne aux élections générales. Sa connaissance des
questions financières et coloniales le fit appeler bientôt à
la présidence de la commission du budget.
Dans toutes les fonctions qu'il a occupées, jamais la calomnie n'a
osé effleurer seulement sa grande réputation de probité;
et ses adversaires eux-mêmes se sont plu souvent à rendre justice
à sa puissance de travail, à son énergie, à sa
vie toute de dignité.
En dehors de toute question de parti, on peut dire que la Chambre s'honore
en appelant à la présidence un homme dont la fortune politique
et le bonheur intime sont également justifiés par la haute honorabilité
de sa vie privée, par son inaltérable dévouement au Pays
et par son amour profond du Foyer familial.
Le Petit Journal illustré du 22 Janvier 1905