LA FRANCE AU SIAM


Remise, par les autorités siamoises, des territoires de Krat et de Koh-Kong au représentant de la République française.


Par un traité signé il y a exactement un an, le 13 Février 1904, la France s'engageait à évacuer le port de Chantaboun, que ses troupes occupaient depuis plusieurs années, et le Siam lui cédait, par contre, le port de Krat, situé à une soixantaine de kilomètres au Sud de cette première ville.
Cet échange est enfin un fait accompli.
M. Morel, résident supérieur du Cambodge, représentant M. Beau, gouverneur général de l'Indo-Chine, s'est rendu à Krat, accompagné de M. Simon, administrateur de la nouvelle province, et du prince Sutharoth, représentant le roi du Cambodge.
Le Siam, de son côté, avait délégué Phya-Sri-Sahadheb, sous-secrétaire d'État au ministère de l'intérieur.
Ce dignitaire a fait à la France la remise solennelle du territoire de Krat et de la province de Koh-Kong.
M. Morel a pris possession de ces provinces, que le roi de Siam « cède à la France comme gage de son amitié et de son sincère désir d'entretenir, avec cette grande puissance et les royaumes et principautés qu'elle protège, les relations les plus cordiales »...
« Les populations que le Siam confie aujourd'hui à notre protection, a-t-il ajouté, peuvent se placer sous notre drapeau avec la certitude d'être traitées avec justice et humanité. La France ne trahira pas l'engagement qu'elle prend par ma bouche de veiller à la défense de leurs intérêts et de les faire profiter aussi largement que possible des bienfaits que son influence civilisatrice doit apporter à ce pays. »
Après cet échange de discours, le drapeau siamois a été amené et le drapeau français hissé à sa place.
La ville de Krat comprend environ deux cent vingt maisons en bois, la plupart de quelque importance. Quelques-unes sont en briques. De nombreuses boutiques s'ouvrent dans la rue principale, qui se prolonge par la route de Chanlaboun. La population du centre peut être
évaluée, au minimum, à 1,400 individus. Des avenues bien tracées donnent à cette bourgade un aspect relativement soigné. Il y a là un commencement très appréciable de civilisation, et il sera facile de faire de Krat un centre administratif de quelque importance.

Le Petit Journal illustré du 26 Février 1905