A BORDEAUX

- LA FÊTE FÉDÉRALE DE GYMNASTIQUE

Mouvements d'ensemble exécutés devant le Président de la République.


Les grandes fêtes organisées à Bordeaux pour la visite du Président de la République et l'inauguration du monument de Gambetta ont coïncidé avec la réunion du 64e congrès dé l'Union des sociétés de gymnastique de France et la 31e fête fédérale.
Trois cents sociétés, dont vingt étrangères, prenaient part à cette fête, en tout cinq mille maillots ! Que de maillots, noirs, blancs, verts, rouges ; et quelle jolie variété de ceintures, et d'écharpes, et de bonnets, et de bérets de toutes les couleurs !
Le Président de la République, se rendant à la tribune d'où il devait assister à la fête, a été escorté par les drapeaux de toutes ces sociétés.
Ils étaient sur double rang, les drapeaux étrangers d'abord : hollandais, luxembourgeois, belges, suisses, italiens, puis les drapeaux des sociétés alsaciennes et lorraines voilés de crêpe.
C'est entre cette double ligne tricolore qui frémissait au vent, qui resplendissait au soleil et qui s'inclinait devant le chef de l'État, que le Président est allé prendre place à son fauteuil.
Le défilé des sociétés, la précision de leurs mouvements d'ensemble ont été fort admirés, et la fête s'est déroulée au milieu d'acclamations ininterrompues.
Le Président de la République a tenu devant cette belle et vaillante jeunesse, inépuisable réserve de patriotisme et de noble émulation, un langage qui n'est certes point de nature à réjouir les pontifes de l'internationalisme et les contempteurs de l'idée de Patrie, mais qui a été applaudi par tous ceux qui ont au coeur l'amour du pays.
« Vous vous occupez, a-t-il dit au président de la fête fédérale, non seulement du développement physique de vos jeunes gens, mais aussi de leur éducation morale, et dans nos sociétés démocratiques ce devoir doit être placé au premier rang. Si nous voulons atteindre notre but, réaliser nos espérances, plus que jamais l'éducation morale, l'enseignement du devoir, la pratique du devoir, la pratique des vertus civiques, sont indispensables à notre jeunesse et à toute la population. Il ne faut pas écouter ces voix dissolvantes qui prêchent je ne sais quel mépris du drapeau. Non, l'amour de la France, le respect du drapeau, voilà l'enseignement que tous les jours vous devez donner. »

Le Petit Journal illustré du 7 Mai 1905