AU JARDIN D'ACCLIMATATION

Les pêcheurs calaisiens autour de la cage des fauves

Paris a eu, dimanche dernier, de par l'initiative du Petit Journal, la visite d'une sympathique et pittoresque caravane venue du « Courgain », de Calais.
Le « Courgain », pour les profanes qui ne connaissent pas la bonne ville d'Eustache de Saint-Pierre, est le quartier des pêcheurs, quartier dont la population si affable, si joviale et si, hospitalière avait naguère fait aux excursionnistes du Petit Journal un accueil enthousiaste et chaleureux.
Dans notre grande maison populaire, on n'a garde d'oublier les témoignages d'estime et de sympathie. Aussi, en retour de la réception si gracieuse que le « Courgain » avait faite à nos voyageurs, le Petit Journal a-t-il invité les pêcheurs calaisiens à venir à leur tour passer une journée dans la grande ville.
Journée bien remplie, certes, et féconde en attractions de toutes sortes : ascension de la tour Eiffel, réception fraternelle aux Halles, fête nautique sur la Seine, visite au Jardin d'Acclimatation, promenade à travers Paris, réception par le syndicat des commerçants du Palais-Royal; enfin soirée de gala et bal dans les Grandes Salles des Fêtes du Petit Journal.
Oui, tout cela dans l'espace d'un seul jour!...
Et notez qu'à l'heure du départ, matelots et matelotes ne donnaient pas le moindre signe de fatigue, et qu'au contraire leurs voix étaient plus vibrantes, leurs gestes plus énergiques que jamais, lorsqu'ils agitaient chapeaux et foulards en criant une dernière fois
« Vive le Petit Journal! »

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Toutes les phases de cette journée désormais fameuse dans les fastes du Courgain resteront fixées longtemps dans la mémoire de nos hôtes. Mais il en est une surtout qui a frappé les imaginations des pêcheurs et pêcheuses de Calais, et dont nous avons voulu leur garder le souvenir en la reproduisant dans une de nos grandes pages illustrées en couleurs. Je veux parler de la visite au Jardin d'Acclimatation.
Aucune expression ne saurait dépeindre l'émerveillement de nos hôtes à travers ce véritable paradis terrestre.
Chez ces braves gens qui vivent sans cesse en pleine nature, les impressions sont fortes, sincères, la joie est réelle, vibrante, communicative.
Celles qu'ils ont ressenties au Jardin d'Acclimatation au cours de leur visite, et particulièrement devant les cages de grands fauves, ne sont pas près de s'effacer de leur mémoire.
J'aime à croire que l'écho de leurs admirations est venu jusqu'aux oreilles de M. Arthur Porte, le distingué directeur, qui ne cesse de rassembler dans, cet établissement modèle les plus magnifiques attractions.
Qu'il y trouve la récompense de ses initiatives si originales, de son inlassable activité, comme le Petit Journal a trouvé la sienne dans les marques de gratitude dont les pêcheurs calaisiens l'ont comblé, en retour de l'excellente journée qu'il leur a fait passer.

Le Petit Journal illustré du 2 Juillet 1905