AUX GRANDES MANOEUVRES NAVALES


Un contre-torpilleur éclaireur


Sous la direction de l'amiral Fournier, des manoeuvres navales d'une importance toute particulière viennent d'avoir lieu en Méditerranée.
L'armée navale s'est rendue des Salins d'Hyères à Bizerte, et, en cours de route, elle s'est livrée à des exercices et à des manoeuvres d'ordre divers. Elle a couronné ces exercices par la manoeuvre d'une formation de combat édictée par la tactique navale, et qui est le fruit des travaux personnels de l'amiral Fournier et des études d'une commission spéciale.
Un combat développé dans toutes ses phases a été livré par l'armée entière contre un ennemi figuré pas le Cassard et la flottille des contre-torpilleurs.
L'ennemi, après avoir tenté de fuir et de se jeter de côté, a dû accepter la lutte et foncer sur l'armée, dont la ligne s'est ouverte devant lui pour le laisser passer et le prendre entre deux feux. Si le combat eût été réel, il ne serait vraisemblablement pas resté grand'chose de l'escadre ennemie !
Cet exercice, très bien mené, a été des plus intéressants et la correction avec laquelle les mouvements ont été exécutés est bien faite pour donner une haute idée des qualités manoeuvrières des commandants.
Pendant la nuit, on a fait de fort intéressantes manoeuvres : l'armée navale, naviguant sans feux, pour éviter les torpilleurs de la défense de Corse et de celle de Bizerte.
En arrivant en vue des côtes de Tunisie, le sous-marin Korrigan, en vedette à quelque milles de la côte, a magistralement bondi hors da l'eau, au petit jour, à 100 mètres du Brennus, dans une position telle que son attaque était réussie sans doute possible. L'amiral lui signala aussitôt sa satisfaction pour son habile man÷uvre.
La traversée s'est accomplie par un temps merveilleux; les manoeuvres ont été particulièrement réussies; mais à l'arrivée à Bizerte l'armée navale a pris sa part du deuil général causé par la mort de l'équipage du Farfadet, et tous, officiers et matelots, se sont associés à l'hommage suprême rendu par la France à ceux qui ont péri victimes de leur devoir.

Le Petit Journal illustré du 30 Juillet 1905