JEUX POPULAIRES DE FRANCE
Les joutes à
la lance à Cette
Le Petit Journal , qui
s'est donné la tache de réveiller la tradition des jeux
populaires en France et de faire mieux connaître ceux qui sont
encore en honneur, ne pouvait manquer de signaler ce sport si intéressant
et si pittoresque des joutes à la lance qui est, de temps immémorial,
le jeu favori de la ville de Cette.
Nous avions justement noté, à ce propos, que la ville
de Cette était considérée comme le berceau de ces
luttes qui rappellent les grands tournois chevaleresques, où
ne dédaignaient pas de figurer des princes et des rois.
Les premières joutes y furent données en 1666, lors des
fêtes qui eurent lieu à l'occasion de la pose de la première
pierre du port, sous la présidence du marquis de Castries, gouverneur
du Languedoc, et sous le règne de Louis XIV. Depuis cette époque,
un programme de fêtes, dans cette région, ne serait pas
complet s'il ne mentionnait un concours de joutes.
Celui qui vient d'avoir lieu, et que représente notre gravure
de première page, a été particulièrement
brillant.
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Suivant la tradition cettoise tous
les jouteurs inscrits ont fait d'abord le « tour de ville »,
portant au bras gauche le pavois et tenant la lance dans la main droite.
Ils étaient suivis de leurs drapeaux aux damiers rouges et
blancs ou bleus et blancs, et de musiciens, hauboïstes et tambourinaires,
qui jouaient des airs traditionnels.
Puis ils se sont rendus au lieu du concours.
Les nacelles concurrentes étaient garnies, suivant la coutume,
de draperies rouges et bleues
Chacune était montée par dix rameurs, un timonier et
deux musiciens.
Et sur la « tintaine », sorte de plate-forme soutenue,
à l'arrière, par une échelle penchée et
émergeant de 2 m. 50 au-dessus de l'eau, le jouteur se tenait
solidement arc-boutéet la lance en arrêt.
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La lutte fut chaude et passionnante.
Plus de 30,000 spectateurs en suivirent, toutes les péripéties
avec le plus vif intérêt. Il y eut des coups magistraux,
de superbes passes d'armes, car les jouteurs les plus hardis, les plus
forts et les plus exercés, étaient venus de tous les points
de la région pour conquérir la coupe du championnat.
Un joueur cettois, Reynaud, brise sa lance contre le pavois de son adversaire,
un colosse frontignanais nommé Algrain; il l'enlève et
le jette à l'eau avec une crânerie remarquable. Bey, de
Cette, et Maris, de Béziers, se rencontrent deux fois sans se
« tomber ». Un tonnerre d'applaudissements éclate.
Finalement, la victoire demeura aux jouteurs cettois qui montaient la
barque rouge. Et la ville de Cette, fidèle à ses vieilles
traditions, eut tout l'honneur de la journée
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Le Petit Journal illustré du 6 Août 1905 |