L'ENTENTE CORDIALE


Réception de l'amiral Gaillard et des officiers français par S. M.. le roi Édouard VII

Les manifestations de l'entente franco-anglaise se succèdent, imposantes et chaleureuses. Après l'accueil enthousiaste que l'amiral May et ses marins ont reçu récemment à Brest, nos voisins n'ont pas voulu être en reste avec nous, et ils ont mis tous leurs soins à recevoir dignement à leur tour la flotte de l'amiral Caillard.
De l'avis général, les vaisseaux et les équipages français ont fait, à leur entrée dans les eaux britanniques, une impression profonde sur les marins anglais, et il n'y eut qu'un cri pour admirer la précision de leurs manoeuvres.
Dès l'arrivée, l'amiral Gaillard, accompagné de M. Cambon, ambassadeur de France à Londres, et de tout son état-major, se rendit à bord du yacht Victoria and Albert pour saluer le roi d'Angleterre.
S. M. Édouard VII, en grande tenue d'amiral, avec le grand cordon de la Légion d'honneur en sautoir, les reçut, entouré de la reine, du prince de Galles et du duc de Connaught.
- Je suis heureux, dit-il à l'amiral, de vous souhaiter la bienvenue chez nous. Je sais l'excellent accueil fait à la flotte anglaise à Brest : il fut cordial et charmant. J'espère que celui que recevra ici la flotte française lui sera aussi agréable. Je ferai moi-même tout mon possible pour cela.
Et le roi a tenu parole. Nos officiers et nos marins garderont de leur visite à Portsmouth un impérissable souvenir.
Dans les rapports qu'ils ont eu avec leurs camarades anglais, dans l'accueil qui leur a été fait par la population civile, ils ont pu constater combien était populaire cette oeuvre de rapprochement et de sympathie entre la France et l'Angleterre que le roi Édouard VII a entreprise et menée à bonne fin.
L'accord intervenu entre la France et l'Angleterre avait besoin, pour être utilement complété, de ces manifestations mutuelles, de ces visites cordiales dans lesquelles les peuples prennent plus étroitement contact.
De tels rapports de cordialité réciproque font tomber les préjugés et les malentendus et assurent la paix entre les nations de façon infiniment plus ferme et plus efficace que ne le pourraient faire tous les secrets de la diplomatie

Le Petit Journal illustré du 20 Août 1905