UNE PROMENADE TRAGIQUE

Sept personnes noyées devant la plage de Boulogne-sur-Mer

La jolie ville de Boulogne-sur-Mer, si pittoresque et si accueillante aux touristes, a ressenti profondément l'émotion douloureuse de ce drame que le Petit Journal a conté dans tous ses détails.
La ville était en fête ; il y avait concert sur la plage, où la foule se pressait, insouciante et joyeuse.
Tout à coup, un cri retentit :
- Le canot, le canot qui chavire !...
A trois cents mètres de la plage, en effet, assez près pour qu'on pût voir tous les détails de la catastrophe, mais trop loin pour qu'il fût possible d'en empêcher le dénouement, un canot de promenade venait de chavirer.
Immédiatement la musique cessa de jouer et tout le monde se précipita vers le bord.
On vit pendant quelques instants des têtes, des bras, s'agiter au-dessus des vagues, puis plus rien.
Tous, les passagers du canot étaient engloutis !
Et quand les sauveteurs, prévenus par les clameurs de la foule, accoururent, il ne leur restait plus qu'une tâche à entreprendre : tenter de retrouver les corps des malheureux noyés.
Bientôt, la vague rejeta à la côte la barque vide, et l'on reconnut le petit bateau dans lequel le patron Grassin emmenait les touristes faire des promenades en mer.
Une heure auparavant, en compagnie de ses deux fils, il avait embarqué quatre personnes d'Abbeville, dont deux, M. et Mme Ranson, mariés de la veille, se trouvaient en voyage de noces.
Bien que le temps fût beau, la mer était assez agitée ; la frêle barque n'avait pu résister à l'effort de la vague, et les sauveteurs de Boulogne, qui ont à leur actif tant d'actions héroïques, n'avaient pas même eu, cette fois, le temps de courir au danger, tant la catastrophe avait été soudaine et imprévue.

Le Petit Journal illustré du 17 Septembre 1905