EN ANGLETERRE

Le roi Édouard VII passant la revue des highlanders

Les manoeuvres anglaises de cette année ont eu, comme de coutume, pour thème principal, la défense de l'île contra deux corps ennemis qu'on suppose avoir réussi à débarquer simultanément, l'un à Liverpool, le second sur un autre point de la côte. Le plan de ces détachements, composés d'artillerie et de cavalerie, était d'effectuer leur jonction sur la côte Sud de Chilton Hill et d'attaquer Londres.
Trois corps d'armée britanniques ont eu pour mission de s'opposer aux projets des envahisseurs supposés.
Pendant ces manoeuvres, très intéressantes, on a remarqué particulièrement la bonne tenue et l'endurance des contingents écossais.
C'est d'Ecosse, en effet, que l'Angleterre tire ses meilleurs soldats. Les pittoresques highlanders sont, d'ailleurs, populaires dans toute la Grande-Bretagne.
Tous ceux qui ont mis le pied sur le sol britannique, ne fut-ce qu'à Douvres, ont pu admirer la belle prestance de ces soldats écossais dans leur uniforme écarlate. A Douvres, en effet, si j'ai bon souvenir, tient garnison l'un des bataillons du régiment des highlanders de Seaforth, l'un des plus beaux de l'armée anglaise, l'un des plus illustres aussi dans l'histoire des guerres auxquelles la Grande-Bretagne a pris part depuis un siècle. Les highlanders de Seaforth ont été successivement sur tous les points du monde où flotte le drapeau britannique. En 1800, ils sont à Mysore, dans l'Hindoustan ; en 1806, au cap de Bonne-Espérance, puis aux îles de la Sonde ; vers 1835, on les retrouve en Afrique australe ; pendant la guerre de Crimée, ils combattent aux côtés de l'armée française et entrent avec elle à Sébastopol. Ils repartent ensuite pour l'Asie, font une pointe en Perse, se signalent à Lucknow, puis à Caboul. En 1880, ils sont à Kandahar. Après deux ans de séjour en Afghanistan, ils partent pour l'Égypte et se font remarquer à la bataille de Tel-el-Kebir...
Notez que la plupart des régiments de highlanders ont d'aussi beaux états de services ; et vous ne serez pas surpris que le roi Édouard VII ait pour ces contingents écossais une sympathie toute spéciale et qu'il éprouve un réel plaisir à passer en revue ces troupes d'élite.

Le Petit Journal illustré du 8 Octobre 1905