LA LUTTE CONTRE LES APACHES
Deux héroïques
enfants défendent la maison paternelle
M. Laporte, restaurateur, rue de Joinville, à Paris, près
du canal Saint-Martin, ayant, ce soir-là, quelques courses à
faire dans le voisinage, avait confié sa maison à ses deux
fils, Maurice et Léon, qui, bien qu'âgés seulement de
quatorze et quinze ans, lui rendent déjà de grands services
dans l'exploitation de son commerce.
Les deux jeunes gens s'étaient donc installés au comptoir.
Deux consommateurs seulement se trouvaient dans le café, deux débardeurs,
que les fils Laporte connaissaient bien pour les avoir vus souvent dans
l'établissement de leur père.
La nuit venait ; dans la rue, les passants se faisaient rares. Soudain,
les deux hommes, après s'être concertés d'un coup d'oeil,
se levèrent, le geste menaçant, et sautant sur les fils Laporte,
ils les saisirent à la gorge.
- Vite, l'argent du tiroir, et pas un mot, ou vous êtes morts !
Mais les deux bandits trouvèrent une résistance à laquelle
ils ne s'attendaient pas.
Loin de se laisser intimider, Maurice et Léon Laporte, qui sont tous
deux vigoureux et bien bâtis, se mirent en devoir de répondre
aux agresseurs.
D'une vigoureuse poussée, ils les forcèrent à lâcher
prise ; et, s'étant emparés des barres de fer de la devanture,
ils s'en servirent pour tenir les gredins en respect.
Ceux-ci leur lancèrent alors à la tête les carafes,
les verres, les bouteilles. Contusionnés, blessés, sanglants,
les deux vaillants jeunes gens tinrent bon jusqu'au moment où un
voisin, attiré par le bruit, les tira d'affaire en allant chercher
les agents.
Les deux Apaches n'avaient, du reste, pas attendu ce dénouement ;
ils avaient fui quand arriva l'autorité. Grâce au signalement
qu'en donnèrent les fils Laporte, ils furent arrêtés
quelques heures plus tard. C'étaient des repris de justice des plus
dangereux.
Quant aux deux jeunes et courageux défenseurs de la maison paternelle,
ils ont été choyés et complimentés par tout
le quartier ; et nous sommes sûrs que tous nos lecteurs nous approuveront
d'avoir voulu populariser, par la gravure, le souvenir de leur acte de vaillance
et de sang-froid.
Le Petit Journal illustré du 15 Octobre 1905