AU PALAIS ROYAL DE MADRID

Le roi d'Espagne présentant les dignitaires de la Cour au président de la République

Le président de la République est en ce moment l'hôte du Palacio réal de Madrid.
On a dérogé, en son honneur, à l'antique usage qui veut que, seuls, les personnages de sang royal puissent habiter cette somptueuse demeure.
Le palais royal d'Espagne s'élève sur l'emplacement de l'ancien Alcazar, qui existait déjà sous les anciens rois de Castille, et qui fut reconstruit et agrandi en 1537 par Charles-Quint.
Ce palais fut détruit par un incendie en 1734, la veille de Noël ; et le palais actuel, trois ans plus tard, sous le règne de Philippe V, d'après les plans de l'architecte Sacchetti, ne fut entièrement terminé que vingt-sept ans plus tard, sous le règne de Charles III.
L'édifice, dont le plan présente un vaste parallélogramme, s'élève, comme un grand nombre de maisons de Madrid, sur une base de granit, et se présente d'une manière majestueuse, vu des bords du Mançanarès. C'est un des plus beaux palais qui existent et les Espagnols ont raison d'en être fiers.
De magnifiques appartements, à l'entrée desquels veille une garde de hallebardiers royaux, y ont été affectés au président de la République.
Malgré la sévérité de l'étiquette espagnole, M. Loubet y a trouvé un accueil des plus chaleureux ; et, lorsque, le soir même de son arrivée, avant le dîner de gala auquel l'avait convié le roi, il s'est , trouvé au milieu des hauts dignitaires de la cour, il a pu apprécier combien la noblesse espagnole avait été touchée de la réception faite naguère par la France à son jeune souverain.
Quant à l'enthousiasme populaire, il est tel qu'on pouvait l'attendre de ce peuple ardent, chevaleresque et hospitalier entre tous.
Après ce voyage triomphal, le président de la République ne trouvera nullement exagéré le proverbe espagnol qui dit
« Le bonheur, suprême consiste à habiter les bords du Mançanarès, et, faute de cela, on pourrait se contenter d'être logé au paradis, si toutefois au paradis il y avait une, fenêtre d'où l'on pût apercevoir le palais royal. »

Le Petit Journal illustré du 29 Octobre 1905