LES FÊTES DE LISBONNE

Une corrida à la mode portugaise

Les corridas passionnent également les Espagnols et les Portugais. La coutume, en ces pays, en remonte loin déjà : ce sont les Maures qui importèrent ces jeux dans la Péninsule. Les chevaliers chrétiens ne tardèrent pas à les imiter ; et l'on assure que Ruiz Diaz de Vivar, le Cid lui-même, entra dans l'arène à cheval, et armé d'une lance.
Mais les corridas à la mode portugaise ne sont pas comparables aux courses d'Espagne, luttes sanglantes où l'on sacrifie des chevaux, quelquefois des hommes, et qui aboutissent à la « muerte », à la mort du taureau.
En Portugal, ce sont plutôt des joutes de grâce et d'adresse, comme nos courses landaises ou comme les « ferrades » du Midi, dans lesquelles les petites vaches de Camargue, maigres et agiles, jouent 1e rôle de taureaux.
Ce sont les manifestations d'un art gracieux, dans lequel les jeunes gens des meilleures familles du pays, les jeunes femmes même, quelquefois, se plaisent à exercer leur juvénile élégance. Le taureau a les cornes emboulées. Quant aux toreros, qu'ils soient à cheval ou à pied, ils sont armés, les hommes de banderilles courtes et fortes, les femmes de banderilles plus longues et plus légères. Rien de plus pittoresque et de plus charmant que de voir les uns et les autres évoluer dans l'arène
sous le charmant costume XVIIIe siècle qui est de tradition parmi les caballeros de la plaza portugaise.

Le Petit Journal illustré du 5 Novembre 1905