INCENDIE D'UN ATELIER QUAI SAINT-VINCENT, A LYON.

Les ouvrières, environnées de flammes, se sauvent par les fenêtres

Un terrible accident s'est produit à Lyon, quai Saint-Vincent, dans une fabrique de manchons à incandescence qui occupe une dizaine d'ouvrières.
Les locaux, qui sont vastes, sont chauffés par un énorme poêle.
Après la rentrée du matin, on surchargea le poêle d'anthracite, si bien que des cornets qui traversent la salle servant de dépôt rougirent et communiquèrent le feu à des étendages de manchons.
Ceux-ci, très inflammables tant qu'ils n'ont pas été « brûlés », comme on dit dans le métier, flambèrent en un clin d'oeil, et communiquèrent à leur tour le feu à la robe d'une employée travaillant à l'expédition des manchons.
Environnée par les flammes et affolée, cette femme s'enfuit dans une grande salle. En passant, elle mit le feu à d'autres étendages de manchons.
Pendant qu'un mécanicien se précipitait à son secours, l'incendie se développait les flammes, longues et violentes, franchissaient les murs de la fabrique, allant jusqu'à lécher la façade d'une teinturerie voisine de l'immeuble incendié.
Complètement affolées, les ouvrières se démenaient au milieu des flammes, appelant à l'aide et ne sachant comment sortir. Quatre d'entre elles se pendaient aux barreaux d'une fenêtre, attendant du secours. Les teinturiers de l'usine contiguë entendirent leurs cris d'épouvante. Ils s'attaquèrent aux barreaux de la fenêtre, purent en arracher trois, et les pauvres femmes se sauvèrent par la brèche ainsi ouverte.
Toutes sont cependant plus ou moins grièvement brûlées ou blessées.

Le Petit Journal illustré du 31 Décembre 1905