ASSASSINAT ET VOL A COURBEVOIE
Une buraliste étranglée
dans son arrière-boutique
Les malandrins, qui pullulent dans la banlieue parisienne, continuent la
série de leurs méfaits.
Cette fois, c'est à Courbevoie qu'un nouveau crime a été
commis.
Une femme de soixante-huit ans, Mme veuve Jacquier, qui tenait, place du
Port, n° 1, à Courbevoie, un débit de tabac et un magasin
de papeterie, auxquels étaient adjoints un bureau auxiliaire des
postes et télégraphes, ainsi qu'un service téléphonique,
a été trouvée morte, ligottée et étranglée.
C'est une jeune fille, employée au service téléphonique
du bureau de Mme Jacquier, qui a donné l'alarme en arrivant le matin
et en trouvant la maison close.
M. Lompré, commissaire de police de Courbevoie, fit ouvrir la porte
de la boutique par un serrurier. Il trouva d'abord le cadavre du chien de
la victime, que les assassins avaient assommé à coups de talon,
puis, avant pénétré dans l'arrière-boutique,
un horrible spectacle s'offrit à lui.
Près de la cabine téléphonique, Mme Jacquier était
étendue sur le dos, les jambes et les pieds solidement attachés.
La malheureuse avait été étranglée. Ses yeux,
grands ouverts, gardaient encore une indicible expression de frayeur. Près
d'elle était un chignon postiche, qui s'était détaché
pendant la lutte que la buraliste avait dû soutenir contre ses assassins.
Les tiroirs-caisses, dans lesquels devaient être enfermés les
fonds, avaient été forcés et étaient vides.
Il n'y avait donc pas de doute : la malheureuse femme avait été
assassinée par des cambrioleurs.
Ce nouveau crime, accompli avec une audace inouïe, montre, une fois
de plus, combien il est nécessaire de prendre des mesures pour préserver
la banlieue de Paris contre les entreprises des bandits qui l'infestent
et la terrorisent.
Le Petit Journal illustré du 31 Décembre 1905