A BARCELONE
Attentat anarchiste contre le cardinal Casanas
La capitale de la Catalogne n'est pas seulement agitée par le mouvement séparatiste qui s'y est manifesté ces temps derniers, elle recèle également un foyer d'anarchie des plus actifs
Cette fois, c'est un ouvrier tisserand nommé José Salas Comas et chef du parti anarchiste de Vich, qui a tenté de poignarder le cardinal Casanas, au moment où le prélat sortait de la cathédrale. Heureusement, un chanoine, qui accompagnait le cardinal, a pu faire dévier le coup en frappant l'agresseur au visage.
L'anarchiste, arrêté par la police, a été trouvé porteur d'un revolver et d'une fiole de poison dont il absorba le contenu, après
avoir commis son crime. On a trouvé également sur lui une lettre dans laquelle il exposait le mobile de son acte et manifestait le dessein de se suicider.
Au gouverneur de Barcelone accouru pour l'interroger, il a déclaré qu'il croyait que « les Jésuites sont responsables de la mauvaise organisation sociale » et que pour ce motif il avait résolu l'assassiner le cardinal. « Je regrette, a-t-il ajouté, de n'avoir pas employé contre lui mon revolver. »
Quelques instants après il succombait à l'effet du poison qu'il avait absorbé.
Aussitôt après l'attentat, le cardinal a paru au balcon de l'évêché et a donné sa bénédiction au peuple ; il a été l'objet des acclamations de la foule, composée de catholiques et de carlistes, qui se pressait sous ses fenêtres.

Le Petit Journal illustré du 7 Janvier 1906