INAUGURATION
DU MONUMENT DES AÉRONAUTES DU SIÈGE DE PARIS
M. Étienne,
ministre de la guerre, prononçant son discours.
Dans notre numéro
du 6 Décembre dernier, nous avons rappelé l'histoire héroïque
de ces aéronautes du siège de Paris qui assumèrent
la tâche de faire communiquer la capitale investie avec le reste
de la France, et franchirent les lignes prussiennes au risque de leur
vie.
Nous avons aussi donné un souvenir à leurs modestes collaborateurs,
les pigeons voyageurs, qui tant de fois, ramenèrent l'espoir dans
la ville assiégée.
Les uns et les autres ont été dignement glorifiés
au pied du monument qui s'élève au rond-point de la porte
des Ternes et qui est dédié à leur souvenir.
De nombreuses sociétés de Paris et des départements
avaient envoyé des délégations citons, parmi les
plus importantes
La Société des aéronautes du siège de Paris
; l'Aéro-Club de France ; la Société française
de navigation aérienne ; l'Académie aéronautique
; l'Aéro-Club du Sud-Ouest ; la Fédération colombophile
; le Comité du monument Bartholdi, à Colmar ; le Comité
républicain de Neuilly-sur-Seine ; le Cercle républicain
des Ternes ; la Société des ingénieurs civils ; l'Union
des sociétés régimentaires ; l'Association générale
d'Alsace-Lorraine ; la Société des artistes français
la Société nationale des beaux-arts.
Plusieurs discours furent prononcés, par M. de La Vaulx, au nom
de l'Aéro-Club ; par le maire de Neuilly, par M. Janssen.
grand savant qui fut un des aéronautes du siège, enfin par
M. Étienne, ministre de la guerre, dont les paroles, d'une éloquence
si haute et si patriotique, émurent profondément l'assistance.
Voici la péroraison de son discours;
« Messieurs, le monument de Bartholdi vient à son heure,
si tardive qu'elle soit. Jamais la France n'a été plus attachée
à la paix, à la paix féconde et lumineuse, à
laquelle aspirent, par-dessus les frontières, les démocraties
laborieuses. Mais, digne et forte, la paix française n'implique
l'oubli ni des grands exemples, ni des saisissantes leçons qui
revivent aujourd'hui devant nous dans le bronze et la pierre. Et nous
apprenons ainsi à aimer sans relâche comme sans faiblesse
ce pays de France généreux et vaillant, qui, dans ses flancs
immortels, ne cesse de porter des générations toujours prêtes
à travailler à sa gloire et à assurer son avenir,
dans la paix, la grandeur et la liberté. »
Le Petit Journal illustré
du 11 Février 1906
|