EXPLOIT D'APACHES MARSEILLAIS
Dramatique cambriolage
d'une bijouterie
Les cambrioleurs marseillais s'efforcent
de dépasser, en audace criminelle, nos malandrins parisiens.
Le vol, accompli, ces jours derniers, dans la rue Colbert, à Marseille,
et que représente notre gravure de première page, en est une
preuve flagrante.
Quatre individus, qui passaient dans cette rue, s'arrêtèrent
soudain devant la vitrine de la bijouterie Harmann. L'un d'entre eux brisa
à coups de maillet une grande glace de deux mètres carrés,
tandis que ses complices écartaient les promeneurs arrêtés
devant le magasin.
Au bruit, M. Harmann, qui se trouvait, avec sa famille, dans son arrière-magasin,
accourut ; mais il fut arrêté, sur le seuil de sa porte, par
un voleur qui, revolver au poing, menaçait de le tuer.
Pendant ce temps, deux autres des malfaiteurs, également armés
de revolvers, tenaient en respect la foule accourue de tous côtés
et le quatrième dévalisait la devanture, où il faisait
son choix parmi les bijoux marqués aux prix les plus élevés.
Quand le vol fut accompli, les quatre bandits prirent la fuite vers la Joliette
par la rue de la République, sans que nul osât intervenir, tant
la terreur était grande parmi les promeneurs. Que vouliez-vous qu'ils
fissent contre quatre bandits, armés de revolvers ?
Mais les deux agents de la sûreté Jauffret et Nobili, qui passaient
sur la place Sadi-Carnot, se mirent bravement à leur poursuite et Nobili
parvint à arrêter, au péril de sa vie, un des voleurs,
nommé Giovanni d'Alterio, âgé de trente ans, sujet italien,
au moment où ce dernier se retournait pour tirer sur lui un coup de
revolver.
Le Petit Journal illustré du 18 Février 1906