Les méfaits, de plus en plus
nombreux, commis ces temps derniers par les apaches, cambrioleurs et malandrins
de toutes sortes qui infestent Paris, et les plaintes continuelles des
honnêtes gens, ont décidé la police à agir.
Plusieurs rafles ont été opérées dans les
quartiers excentriques et aussi dans certains bars avoisinant les boulevards,
où la pègre parisienne tient ses assises.
Une descente de police, dans ces établissements louches, est une
opération qui s' effectue généralement sans à-coups
et avec célérité. Agents de la sûreté
et gardiens de la paix envahissent le logis suspect et en cueillent les
familiers avant que ceux-ci aient eu seulement le temps de dire : ouf
!... La seule préoccupation des gredins est alors de se débarrasser
des armes qu 'ils portent sur eux : revolvers, couteaux, tiers-points,
coups-de-poing américains. Ils n'y réussissent pas toujours,
tant l' irruption de la police est soudaine. On leur passe alors le cabriolet,
cette jolie petite chaîne souple et discrète qui a remplacé
avantageusement les lourdes menottes, et en route pour le poste !
Là, on les fouille, on dresse leur « état civil »,
et ils subissent un premier interrogatoire du commissaire de police. Ceux
qui ont des papiers et qui peuvent exciper des moyens d' existence réguliers
et d' un domicile sont relâchés, les autres sont gardés
et envoyés, le lendemain, au dépôt.
Malheureusement, le Petit Journal l' a maintes fois déploré,
le parquet relâche à son tour le plus grand nombre des rôdeurs
qui lui sont déférés. De telle sorte que les rafles
manquent absolument leur but. Ce sont continuellement les mêmes
individus qui s' y font prendre et régulièrement sont remis
en liberté par le parquet.
Ce n' est pas encore par ce moyen qu' on ramènera la sécurité
dans les rues de Paris et qu' on diminuera le nombre des vols, des cambriolages
et des attaques nocturnes.
Le Petit Journal illustré du 3 Mars 1907