PARIS SANGLANT

La tuerie de l' hôtel Pigalle
Ce fut une tuerie, en effet, un drame terrible dans lequel un forcené, sans raison, poussé par un délire de massacre, tua deux hommes et en blessa grièvement deux autres.
A l' heure où tant de rixes, tant d' assassinats ensanglantent nos rues, ce carnage dont rien, pas même l' excuse de la légitime défense, n' atténue l' horreur tragique, a soulevé l' indignation générale contre la brute féroce qui s' en est rendue coupable.
A la suite d' une discussion avec une femme, à l' hôtel Pigalle, sur la place du même nom, un nommé Jolibois tenta d' abord d' étrangler la malheureuse qui s' enfuit eu appelant au secours ; et, comme le patron et le garçon d' hôtel essayaient de barrer la route à l' agresseur, celui-ci tira un revolver de sa poche, blessa le premier et tua le second.
Mais ce n' est pas tout. Une fois dehors, le forcené continua son oeuvre de mort. L' agent Monnier, qui voulut l' arrêter, fut tué
tenta à son tour de s' emparer de lui, reçut une balle en pleine poitrine.
Enfin, le misérable fut maîtrisé. La foule, exaspérée par tant de sang répandu, la foule qu' irrite décidément cette recrudescence de crimes et que déconcerte la faiblesse des répressions, voulut le lyncher sur place. Les agents eurent toutes les peines du monde à lui arracher le meurtrier.
Va-t-on, maintenant, suivant une tradition trop constante, nous présenter encore ce cynique massacreur comme un irresponsable ?

Le Petit Journal illustré du 24 Mars 1907