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EXPLOITS D' APACHES
Pendant l' incendie
d' une usine des bandits attaquent les agents et crèvent les tuyaux
des pompes
L' audace des apaches et des gens sans aveu, qui pullulent dans les quartiers
excentriques de Paris, ne connaît plus de bornes. Ces malandrins en
viennent maintenant à s' attaquer à la force publique, et on
les a vus, ces jours derniers, profiter du désarroi causé par
un terrible incendie pour essayer de pénétrer dans les logis
abandonnés et d'y voler tout à leur aise.
Une usine de constructions métalliques du quartier de Clignancourt
était la proie des flammes. Les pompiers luttaient contre le fléau
avec leur habituel courage. Mais le feu gagnant de proche en proche, on avait
dû faire, évacuer les maisons voisines. C' est alors que, tandis
que pompiers, sergents de ville et soldats se prodiguaient pour combattre
l' incendie, on vit tout à coup des apaches, sortis on ne sait d' où,
se précipiter dans les rues avoisinant l' immeuble en feu. Ces gens
sans aveu, bousculant les femmes et les enfants, menaçant de leurs
couteaux ceux qui voulaient protéger ces derniers, essayèrent
de s' introduire dans les maisons abandonnées par les locataires, avec
l' intention, bien évidente de dévaliser les appartements. La
police, un moment prise à l' improviste, fut débordée
; on dut faire appel, pour la renforcer, à de nouvelles forces de police
et à des détachements du 76e de ligne qu' on fit venir de la
caserne de la Nouvelle-France ; ces renforts permirent de consolider ainsi
les principaux barrages qui étaient établis autour des immeubles
en feu.
Voyant qu 'ils ne pourraient plus ainsi mettre à exécution leur
projet primitif, les apaches essayèrent d' enrayer l'oeuvre des pompiers
en crevant, avec leurs couteaux, les tuyaux des pompes. Mais les bandits ne
se contentèrent pas seulement d' accomplir ces actes odieux, ils allèrent
même jusqu'à frapper des agents qui voulaient s' opposer à
leurs projets de destruction. C' est ainsi que l' agent cycliste Bonnet fut
assez grièvement blessé à la tête avec un coup
de poing américain, par, un vaurien qui, son coup fait, profita du
désarroi pour prendre fuite, et qu' un gardien de la paix, qui avait
surpris un de ces malandrins au moment où il coupait un tuyau, fut
frappé par lui d' un coup de couteau en pleine poitrine.
Il est urgent qu' on prenne des mesures pour débarrasser les quartiers
de la périphérie de toute cette population ignoble, qui profite
cyniquement de toutes les occasions pour y semer le désordre et la
terreur.
Le Petit Journal illustré du 26 Mai 1907