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ATTAQUÉE PAR LES APACHES
Tous les Parisiens connaissent
-de vue - l' omnibus de la préfecture, ce massif véhicule
sur les cloisons duquel sont peintes de fallacieuses fenêtres, et
qu' on appelle, dans le monde officiel, voiture cellulaire, tandis qu'
on lui donne, dans les milieux où l' on parle argot, le nom irrévérencieux
de « panier à salade ».
Or, les apaches, dont l' audace ne connaît plus de bornes, ont,
ces jours derniers, à Montmartre, attaqué un de ces véhicules.
Le fourgon 37 quittait le poste central, à la mairie du dix-huitième
arrondissement, avec plusieurs détenus sous la garde d' un inspecteur
de la sûreté et d' un municipal. A l' angle de la rue Montcalm,
elle fut soudainement environnée par une vingtaine d' apaches qui,
revolver au poing, sommèrent le cocher d' arrêter. D' un
vigoureux coup de fouet, mort, celui-ci enleva son attelage. Des cris
:
« A morts les bourriques!» retentirent, tandis qu' une grêle
de pierres s' abattait sur le cocher, les chevaux, le véhicule.
Le garde municipal ouvrit la portière, espérant effrayer
les rôdeurs. Il fut atteint par une pierre qui le blessa assez grièvement
a la joue gauche. Saisissant son revolver, il le déchargea en l'
air pour attirer l' attention des agents. Une dizaine d' agents cyclistes
accoururent à cet appel et durent entamer un combat contre les
apaches pour dégager la voiture. Cependant, l' agent de la sûreté
et le garde municipal se déployaient pour maintenir les détenus
qui tentaient de s' évader.
Les gardiens de la paix parvinrent à maîtriser quatre des
forcenés, qui opposèrent une résistance des plus
acharnées lorsqu' on voulut les amener au poste. Ce sont de jeunes
gredins ayant de dix-huit à vingt ans. Ils ont été
trouvés porteurs de couteaux, revolvers, os de mouton, coups de
poing américains. Tous sont au dépôt.
Le Petit Journal illustré du 7 Juillet 1907