L' AUTOMOBILISME EN MONGOLIE
Des cavaliers
mongols retirent d' un marécage une voiture embourbée
D' audacieux chauffeurs ont entrepris d' accomplir en automobile un raid
de Pékin à Paris, à travers la Chine et la Sibérie.
Leur voyage, comme bien vous pensez, est plein de péripéties
dramatiques.
Après avoir franchi le désert de Gobi et les montagnes de
Kalgan, ils se trouvèrent dans une région marécageuse
où ils faillirent, à plusieurs reprises, perdre leur automobile.
« Nous fûmes plusieurs fois sur le point d' abandonner note
voiture et de continuer à pied, écrivent-ils.
» Une première fois, notre voiture s' arrêta, nous
la sentîmes verser sur le côté et s' enfoncer par derrière
; nous étions sur un marais qu' un épais gazon nous avait
caché.
» Les habitants de quelques « yukes » et une caravane
de Mongols nous aidèrent, après trois heures d' un labeur
inouï, à dégager notre automobile. Nous l' avions échappé
belle. Puis, à l' aide de cartes et de compas, nous cherchâmes
notre chemin, car de route il n'y en a point.
» Dans la vallée de Karakol, nous nous enfonçons encore
dans un marécage, et, cette fois, nous étions seuls, alors
qu' une armée nous eût été nécessaire.
Petit à petit, notre automobile s' enfonçait, malgré
des efforts surhumains de notre part ; pensant que tout était fini,
nous nous mîmes à faire du thé, lorsque, au bout de
quelque temps, nous vîmes une troupe de « burrats »,
dont le chef nous demanda 50 roubles pour nous tirer d' affaire ; mais,
après avoir regardé la position de notre voiture, il nous
déclara que tout effort serait vain. Nous fûmes encore sauvés
par des Mongols qui arrivaient à cheval et qui nous servirent de
guides, et nous continuàmes notre route au clair de lune. Le matin,
nous nous trouvâmes en face du rapide Iro, large de 300 mètres,
que nous traversâmes en faisant tirer notre voiture par des boeufs...
»
C' était la dernière épreuve de leur voyage en terre
chinoise. Peu après, ils atteignaient Kiakta et la frontière
sibérienne.
Le Petit Journal illustré
du 14 Juillet 1907
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