LES APACHES SE RÉVOLTENT
Un chef prêchant
la guerre contre les blancs
Il ne s' agit plus, aujourd' hui, de nos malfaiteurs parisiens auxquels
leur férocité a fait donner le nom d' Apaches... Ce sent
les vrais Apaches qui, cette fois, poussent leur cri de guerre.
Là-bas, au fond de l' Arizona, sur les frontières de la
Sonora mexicaine, les États-Unis ont parqué les derniers
guerriers de cette tribu turbulente. Ils ne sont plus guère nombreux,
les vrais Apaches quatre ou cinq mille dans l' Arizona et quinze cents
environ dans le Nouveau Mexique.
Depuis quarante ans, les Américains les ont décimés
avec une telle ardeur que c' est merveille qu' il en reste encore. -
En 1862, James Carleton, gouverneur du Nouveau-Mexique, en fit un massacre
considérable et donna pour instructions à ses agents de
les exterminer sans pitié. En 1869, dans l' Arizona, le général
Ord les faisait chasser comme des bêtes fauves en 1871, un campement
d' Apaches, qui s' était formé près du cap Grant,
dans l' Arizona, fut exterminé par des bandes d' hommes armés
venus du Tucson. On y tua 117 femmes en leur fracassant le crâne
à coups de bâtons et de pierres.
Poussés à bout par de nouvelles atrocités, les Apaches
se révoltèrent en 1880, sous le commandement d' un chef
nommé Victoria, mais ils furent rejetés dans le Mexique
et exterminés par les troupes du général Terrasas.
A la suite de ce désastre, les survivants consentirent à
s' enfermer dans les réserves du gouvernement américain.
Aujourd' hui, la plupart des tribus peaux-rouges sont détruites
ou conquises à la civilisation américaine.
Des unes il ne reste que quelques vagues échantillons ; les autres
vivent paisiblement et s' éteignent peu à peu sous l' influence
des whiskys et des brandys de qualité inférieure dont les
conquérants leur ont révélé les charmes.
Seuls, les Apaches et les Dakotas s' étaient, jusqu' ici, montrés
irréductibles.
Les premiers manifestent, en ce moment, des intentions belliqueuses à
la suite du meurtre d' un Indien de leur tribu par un fonctionnaire du
gouvernement américain.
Les habitants de la région dans laquelle se trouvent les «
réserves » où sont contenus les Apaches s' effraient
de ces velléités de révolte et réclament la
protection du gouvernement. C' est pour les Américains une excellente
occasion, dont ils ne manqueront pas de profiter, de faire une nouvelle
hécatombe de ces terribles Indiens. Dans quelques années
d' ici, par la guerre, par la misère et par l' alcoolisme, la race
sera définitivement anéantie ; et l' on ne trouvera plus
d' « Apaches » que dans notre bonne ville de Paris, ses faubourgs
et sa banlieue,
Le Petit Journal illustré
du 21 Juillet 1907
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