AUTOUR DE CASABLANCA

Les goumiers au service de la France chargent les Marocains
Depuis le tragique assassinat de nos nationaux survenu à Casablanca le 30 Juillet dernier et la lâche agression commise contre nos marins le 5 Août, aux portes de la ville, l' attention la plus vive suit, en France, les troupes chargées, sous le commandement du général Drude, de venger notre drapeau, de punir les coupables et de rétablir, sur ce point du territoire marocain, la sécurité nécessaire à la prospérité du pays.
Chaque jour nous apporte l' annonce de nouveaux combats, de nouvelles morts, hélas ! mais aussi de brillants faits d' armes.
Ce que l' on avait tout d' abord considéré comme une simple affaire de police devient une véritable expédition contre les tribus maures révoltées. Sans cesse partent des renforts jugés indispensables. C' est toute une armée que le général Drude dirige à l' heure qu' il est.
Parmi les troupes qui se distinguent sous les murs de Casablanca, on compte des tirailleurs, des légionnaires, des chasseurs d' Afrique, des spahis. Mais aucune n' est plus curieuse et n' est plus originale assurément que ces goumiers appelés du sud-Oranais cour renforcer notre cavalerie.
Le goum ( on appelle ainsi l' ensemble de ces cavaliers indigènes), le goum actuellement employé compte cent vingt sabres environ. Il est commandé par le capitaine Bériot et par les lieutenants Holtz et Rousseau
C' est la première fois qu' ils vont servir hors d' Algérie et comme ce sont des cavaliers de premier ordre, on a la plus grande confiance dans leur valeur et leur endurance.
Le corps des goumiers algériens est composé d' Arabes du Sud. Chaque tribu soumise à la France en fournit un certain nombre.Ils s' habillent, se montent et s' équipent eux-mêmes, continuant à garder leur costume national jusque dans ses bizarreries. C' est ainsi qu' ils portent encore le grand chapeau conique et, parfois, une haute mitre en plumes d' autruche.
Au lieu de rassemblement, on leur donne seulement un mousqueton et un sabre de cavalerie.
Ils sont alors placés sous les ordres d' officiers français.
Habitués, dès leur jeunesse, aux exercices les Plus périlleux, ils semblent ne rien craindre. Ce sont de hardis et farouches combattants, aimant le bruit, la poudre et les fantasias.
Pour les encourager, le produit des razzias auxquelles ils se livrent est partagé entre eux.
Depuis le 25 Août, date à laquelle ils ont débarqué à Casablanca, il n' est pas de jour où ils n' aient montré leur courage dans quelque exploration ou dans quelque charge, et rien n' étonne plus les Marocains que de voir se lancer contre eux, sabre au clair, ces hardis cavaliers, musulmans comme eux, et qui défendent cependant les couleurs de la France.
Notre dessin représente un épisode d' un des derniers combats où les goumiers sabrent l' ennemi, impuissant à échapper au galop vertigineux de leurs chevaux.

Le Petit Journal illustré du 15 Septembre 1907